Saint Alléaume Que peut-il nous dire presque 1000 ans plus tard ?

Saint Alléaume

Que peut-il nous dire presque 1000 ans plus tard ?

Lors du prochain W.E. St Alléaume sera fêté à Burgos, il est appelé là-bas San Lesmes. Une délégation de Loudun où il est né, sera présente. Dans le diocèse de Poitiers, sa fête tombe le 30 Janvier. En quoi cet homme d’autrefois peut-il encore nous intéresser ?

Le pèlerin ou l’homme de foi

Rodulphe, son biographe rapporte qu’Alléaume, après la mort de ses parents, part en pèlerinage sur le tombeau de Saint Martin. C’est là qu’il prend la décision d’abandonner la vie militaire et qu’il donne son manteau à son écuyer. La scène est représentée dans un élément d’un vitrail de l’église Saint Pierre de Loudun. (en bas à gauche du vitrail relatant avec Sainte Radegonde, le miracle des avoines.)

Il continue alors son pèlerinage en partant vers Rome sur les tombeaux de Saint Pierre et Saint Paul.

Il est un homme en route, un homme cheminant ; avec lui, la foi est un parcours, une expérience qui se vit pas à pas. Quand nous préparons les baptêmes des tout-petits avec les familles, nous faisons un lien entre la marche et la parole.

Pour marcher, il faut faire un pas, puis un autre pas, et encore des pas. Pour parler, il faut mettre un mot, un autre mot, puis encore des mots. Dans la nef de nos églises, nous nous asseyons pour écouter les textes bibliques proclamés, qui deviennent des mots qui nous sont adressés, qui deviennent parole. Dans la nef, c’est là aussi que nous processionnons, que nous donnons sens à nos pas, en nous approchant du mystère, pour recevoir le corps du Christ. Le peuple qui nous a laissé le livre de la parole est le peuple qui a marché.

Avec Saint Alléaume, nous apprenons à vivre la foi, à l’expérimenter comme un marcheur qui ose un pas de plus.

Le moine ou l’homme de prière

Sur sa route, Alléaume s’arrête à l’abbaye de la Chaise-Dieu qui vient d’être fondée et rencontre St Robert de Turlande. A son retour de Rome, c’est là qu’il devient moine. J’aime à penser qu’il a découvert l’importance de la prière pour sa foi. La finalité de la prière, c’est d’être en union avec le Seigneur, d’être en lien avec la source de vie.

Il y a peut-être eu des étapes dans sa vie, comme pour un catéchumène qui chemine dans la foi. Le pèlerinage l’a établi dans la vie de foi, la prière le plonge en Dieu lui-même.

Ou alors, peut-être faut-il penser que la prière est toujours comme un pèlerinage, comme un chemin intérieur, comme une aventure qui nous change. Ce chemin intérieur est finalement si étonnant qu’il conduit à la rencontre de l’autre, à la rencontre de Dieu, comme si le chemin à découvrir était celui que Dieu fait vers nous. Le psaume 83, au verset 6, dit en effet : « Heureux les hommes dont tu es la force : des chemins s’ouvrent dans leur cœur ! »

Avec Saint Alléaume, nous apprenons que la prière est un chemin, et que sur cette route, il peut être bon de s’arrêter pour accueillir celui qui vient vers nous et nous cherche.

L’homme d’action et de charité

Voici qu’à Burgos, il devient attentif aux malades et aux pèlerins. Si j’ai bien compris, il ne se contente pas d’être soignant, mais essaie d’agir sur l’une des causes, et sans doute en se souvenant de ce qu’il a appris pendant sa vie militaire, il contribue aux travaux d’assainissement de la ville en faisant creuser des canalisations.

Pour faire simple, ayant découvert par la prière l’importance du 1er commandement qui demande d’aimer le Seigneur son Dieu, il met aussi en œuvre le 2ème qui invite à aimer son prochain comme soi-même.

Il est facile d’imaginer qu’il se souvient de sa propre condition de pèlerin. Mais n’est-ce pas la condition humaine ! Nous sommes de passage sur cette terre, des résidents provisoires en route vers la patrie du ciel.

Dans le propre du diocèse de Poitiers, pour la fête de St Alléaume le 30 janvier, un texte d’Isaac de l’Étoile est proposé pour l’office des lectures. (Isaac est un moine cistercien, auteur spirituel et théologien du XIIe siècle. Abbé du monastère de l’Étoile à 70km de Loudun). Voici un extrait : « suivre le Christ en descendant vers son frère, être distendu par l’action, se partager en mille morceaux, se faire tout à tous, ne rien sous estimer de ce qui touche le Christ. »

Avec Saint Alléaume, nous apprenons que la charité est un chemin vers les frères humains, et que parfois, nous n’avons pas besoin de courir vers eux, ils viennent à nous, comme des frères en pèlerinage.

Avec Saint Alléaume, nous admirons la mise en œuvre des trois composantes de la vie chrétienne : la foi, la prière et la charité.

P. Bernard Châtaignier

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