Pousse des cris de joie !

« Exulte de toutes tes forces, fille de Sion! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem !  » Vision de fête: le roi s’avance vers son peuple qui pousse des cris de joie et qui l’acclame.

Vision de fête et pourtant aux yeux du monde qui miroitent de rêves de grandeurs, quelle situation étrange !

Quel est donc ce roi qui a si peu d’allure? Pas de fière monture, pas de fringant équipage, pas d’armée puissante et conquérante. C’est un roi monté sur un âne, c’est un roi qui annonce le règne de l’humilité et de la paix,

Et quel est donc ce peuple qui l’acclame? Quand on entoure et approche le roi, ne met-on pas des habits somptueux? Ne fait-on pas avec des tapis et des fleurs une haie d’honneur? Une foule acclame, une foule d’anonymes: des gens de rien, des malades, des boiteux, des aveugles, des estropiés de toute sorte, des gens qui n’ont ni avoir, ni savoir, ni pouvoir.

Leur pouvoir, c’est d’exulter de joie et de chanter, leur pouvoir c’est d’acclamer. Ils annoncent le peuple immense des sauvés, ils figurent la foule innombrable des rachetés qui entrent dans la joie sans fin.

Ils réalisent à l’avance la parole du Christ: « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos »,

Le roi qui vient porte les fardeaux de son peuple, C’est qu’en effet le Messie triomphant qui entre en liesse à Jérusalem est le Messie qui porte lui-même sa croix et comme l’avait annoncé le prophète « c’était nos péchés qu’il portait ».

Pouvons-nous entendre ces paroles en ces jours marqués par la violence ? Nous n’en avons pas fini de nous habituer à contempler le Messie crucifié, le roi fixé sur le trône de la croix.

Et au premier regard, il apparaît dérisoire d’acclamer un roi si humble, et qui nous laisse avec nos réalités quotidiennes où le malade continue de souffrir, où le pauvre reste démuni, où l’inquiétude du lendemain fait loi, où l’esseulé garde dans son cœur le poids de sa solitude, où les traces de violence demurent.

Quel est donc l’invisible qui échappe à nos regards? Quelle est la joie qui invite les pauvres à exulter?

L’invisible, c’est l’Esprit, l’Esprit de Dieu donné aux hommes. Rappelons-nous, le Christ en croix remet l’Esprit, révélant qu’en tout homme, aussi misérable et défiguré soit-il demeure l’Esprit.
Espérons pour chaque être humain cette vie dans l’Esprit.

P. Bernard

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